Parmi les courants modernes de la psychothérapie, celui de la psychologie énergétique est un des plus florissants et étonnants en raison à la fois de son efficacité et sa simplicité.

Naissance de la Psychologie Énergétique

Né dans les années 80 aux Usa et en Australie, le Dr John Goodheart (applied kinesiology) et le psychiatre John Diamond en ont été les pionniers presque inconscients. Leur curiosité insatiable sur le fonctionnement du corps et de l’esprit les ont amenés à s’intéresser à l’Orient et, plus particulièrement, à la Chine et aux méridiens appliqués à l’ostéopathie ou à la psychiatrie et à la thérapie.

Le terme, en lui-même, de psychologie énergétique (energy psychology) est une invention du psychologue Fred Gallo qui est un des premiers à avoir amené ces outils en Europe (à Heidelberg en Allemagne).

Développement de l’outil TFT (Thérapie du Champ Mental)

Le premier concepteur d’une méthode de travail associant points d’acupression avec un protocole d’accompagnement au sein d’un travail psychothérapeutique est le Dr en psychologie américain Roger Callahan.

Il a développé dans les années 80 un outil appelé Thérapie du Champ Mental (TFT) qui a finalement été reconnu « evidence based » en 2006 par le gouvernement américain et inscrit au National Registry of Evidencebased Programs and Practices (NREPP) du SAMHSA (Substance abuse and Mental Health Services Administration).

Le principe de fonctionnement de la psychologie énergétique repose à la fois sur la MTC (Médecine Traditionnelle Chinoise) et certains de ses fondements tels que l’énergie circule ou bien est gelée et l’énergie est à sa place ou non. L’autre pilier de ce courant est plus traditionnel et repose sur les principes du conditionnement et du déconditionnement.

Les principes du conditionnement et du déconditionnement

Le conditionnement est un processus psychologique par lequel notre cerveau associe divers éléments et nous fait réagir à ces stimuli de la même façon de manière inconsciente. La célèbre expérience de Pavlov avec un chien, une sonnerie et une gamelle l’illustre parfaitement.

Pavlov donne à manger à un chien dans une gamelle. Le chien est évidemment heureux de recevoir à manger et s’agite, salive et remue la queue. Après un moment, Pavlov associe la remise de cette gamelle de nourriture avec une sonnerie. Après quelque temps, il fait retentir la sonnerie et nous observons ce chien qui commence à s’activer, saliver et remuer la queue car il a bien assimilé le concept que sonnerie est égal à gamelle qui est égal à manger.

L’être humain fonctionne de la même manière. Si vous passez par un quartier qui vous renvoie à des souvenirs positifs par les odeurs, la musique ou bien la configuration du quartier en lui-même, vous vous surprendrez à être de bonne humeur et à sourire. A contrario, si vous rencontrez une personne dont la morphologie ressemble à quelqu’un avec lequel vous avez eu des soucis, il y a de grandes chances que vous vous sentiez mal à l’aise et que vous systèmes de défense se mettent en place jusqu’à pouvoir provoquer parfois le réflexe de survie.

Le réflexe de survie Fight – Flight – Freeze (Combat – Fuite – Blocage)

Ce réflexe va vous faire réagir, afin de vous aider à survivre à la situation considérée par notre cerveau archaïque comme une scène de vie ou de mort où un prédateur présumé nous agresse pour mieux nous manger.

Ce réflexe de survie se traduit par un Fight, Flight ou Freeze, c’est-à-dire par le passage en mode attaque, fuite ou je me tétanise pour me faire passer pour mort.

Dans la nature, c’est exactement ce que nous observons chez les animaux. Le premier réflexe sera de fuir ou de combattre le prédateur. Si je ne peux ni le fuir, ni le combattre alors ma seule chance de survie sera de me faire passer pour mort afin de désintéresser le prédateur. Me croyant mort, et ne chassant que les proies vivantes, il  finira par s’éloigne. Dès qu’il sera suffisamment loin, je pourrai repasser en mode fuite afin de m’éloigner du danger et d’échapper au funeste destin de terminer en plat de résistance pour un prédateur affamé !

Le trauma simple ou complexe

Parfois, nous ne pouvons pas matériellement fuir une situation de stress. Par exemple, un parent ou un manager au sein d’une entreprise, un professeur… et cette impuissance se transformera potentiellement en un trauma simple (si l’épisode violent ne se produit qu’une seule fois) ou complexe (si il se reproduit au travers des ans, qu’il soit de même nature ou de différents aspects).

Un trauma est un événement violent, souvent soudain et inattendu, que nous sommes censés digérer en un mois. Si l’environnement ne nous permet pas de l’intégrer à notre cercle de références, nous allons peu à peu, développer des mécanismes de dissociation. Ces mécanismes cherchent à nous protéger de cette blessure. Ils provoqueront petit à petit l’apparition d’une angoisse ou d’une anxiété généralisée et d’autres symptômes de stress post traumatiques (addictions, phobies, tocs, ruminations mentales, comportements excessifs, troubles du sommeil, troubles de l’attachement, hyper sexualisation, hypo sexualisation, hyper vigilance, désintérêt, évitement, états dépressifs, etc.).

L’apparition de l’outil EFT (Emotional Freedom Techniques)

Ce courant d’Energy Psychology (Psychologie Énergétique) a, par la suite, explosé en une multitude d’outils tels que l’EFT (le plus répandu), le Whee (mélange d’EFT et d’EMDE du psychiatre J. Benor), Remap (Reed Eyes Movement Acupressure Psychotherapy), TAT (Tapas Acupressure Technique) ou, dans des approches originales plus récentes ainsi qu’intégratives d’autres modèles, le Self Emotional Balancing (SEB) qui travaille à la fois sur la stimulation de points, la pleine conscience et les Ego States que sont nos sous-personnalités.

Plus particulièrement ce type d’approche et de modèle intégratif, comme le SEB, nous facilite la réparation des blessures d’attachement, d’abandon et celles des traumas complexes et, surtout, nous les rend plus aisément accessibles.

Accéder en douceur aux réseaux de souvenirs traumatiques

Ces outils de psychologie énergétique nous permettent effectivement d’accéder aux réseaux de souvenirs traumatiques sans devoir nous y reconnecter aussi puissamment que dans d’autres courants thérapeutiques (cf. Emdr), ni sans prendre le risque de renforcer ces réseaux comme dans certaines thérapies purement conversationnelles, ou d’exposition, qui réactivent parfois les souvenirs traumatiques et les renforcent (TCC, Hypnose) ou génèrent et renforcent des programmes de protections de notre système blessé (les parts ou les sous personnalités rencontrées dans les Ego States – les Etats du Moi).

En Ego States, nous appelons ces parts les Exilés (parties blessées = trauma), les protecteurs de ces Exilés (Pompiers qui cherchent à étouffer la souffrance par des comportements d’évitement ou encore des Managers qui cherchent à contrôler et à limiter les excès des Pompiers (trop de tocs, ruminations, addictions, phobies, comportements excessifs)

Ce que nous observons, c’est qu’au plus le trauma sera complexe ou associé à des troubles de l’attachement (blessures d’insécurité émotionnelle et affective vécues pendant l’enfance), au mieux les outils de psychologie énergétique démontrent leur utilité et efficacité car ils sont de plus en plus écologiques à la fois pour le système du patient et pour sa désensibilisation des traumas.

L’association entre le verbe, la parole et une action sur le corps au travers du système polyvagal de la personne (stimulation de points par exemple) va, non seulement, casser le conditionnement mais amener un retraitement de l’information (comme en EMDR). Nous ne verrons plus l’épisode traumatique de la même manière et nous le digèrerons comme nous aurions dû le faire si l’environnement nous l’avait permis.

La psychologie énergétique est, au fil des ans, de mieux en mieux connue et reconnue dans les milieux d’accompagnement du trauma car ses résultats sont très souvent rapides, tenaces et surtout préservent le patient du risque de revivre son trauma pour le désensibiliser.

Ce sont, à chaque fois, des outils très doux et efficaces. Les patients peuvent souvent dans une certaine mesure les intégrer dans leur quotidien afin de récupérer une meilleure autonomie et en définitive une bien plus grande qualité de vie. Le travail en session servant plus à dénouer les gros épisodes de vie.

Le « Tapping », la trouvaille du 21ème siècle ?

Les travaux de Wolpe, connu pour ses recherches sur le conditionnement, ont permis d’observer que la stimulation des points d’acupression, en même temps qu’un travail plus conversationnel (Narrative Meridian Therapy) ou en utilisant des mots de rappel de la situation à traiter, cassait l’association faite dans la mémoire traumatique et la désensibilisait au fur et à mesure des tapotements de points. Un des plus grands spécialistes mondiaux du trauma, le Dr Bessel Van Der Kolk, a d’ailleurs cité sur une vidéo Youtube notamment que pour lui le «Tapping » pouvait être vu comme étant probablement la trouvaille du 21ème siècle dans le cadre du retraitement des traumas.

Naissance de la TFT (Thought Field Therapy)

Cette association entre stimulation de points et un travail de ciblage d’un événement traumatique a été découverte par le Dr Roger Callahan pendant une session de déconditionnement d’une phobie de l’eau. La patiente stimulait des points tout en parlant de sa phobie et, tout d’un coup, s’est levée et a couru vers la piscine qui se trouvait à l’extérieur du bureau de consultation. Cela a provoqué une réaction de Roger Callahan qui lui a demandé de faire attention. La patiente lui répondit simplement qu’elle voulait vérifier qu’effectivement sa phobie avait disparu pendant cette « conversation » car elle ne ressentait plus aucune peur, ni crainte, ni quoi que ce soit relatif à cette phobie. Et, de fait, la phobie était partie pour ne jamais plus revenir. Roger Callahan démarra ses recherches sur l’association entre points et thérapie. Il rechercha en Médecine Traditionnelle Chinoise les points à utiliser ou à privilégier. Il se décida pour prendre les débuts ou les fins de méridiens (14 au total) afin de faciliter l’élaboration d’un protocole précis à l’usage des thérapeutes. Il y associa également un test musculaire (Applied Kinesiology) afin de sélectionner les points à stimuler par rapport à un travail spécifique et la Thought Field Therapy – TFT) était née !

De nombreuses recherches en psychologie énergétique

Cela a été le point de départ de recherches, plus de 100 à l’heure actuelle, jusqu’à une recherche effectuée par le Dr Peta Stapleton en collaboration avec la Bond University en Australie en 2018 avec imagerie cérébrale qui a démontré que la stimulation de points (EFT) désactivait les zones du cerveau préalablement activées par le manque (craving) et permettait de soulager et d’éliminer des addictions ou des comportements addictifs notamment en en atténuant la douleur.

Une dizaine d’années après l’apparition de la TFT, un des assistants de Callahan, Gary Craig décida de simplifier le protocole pour l’offrir au plus grand nombre.  Il choisit de ne plus faire la sélection des algorythmes de tapping, par le test musculaire, mais de stimuler bien plus simplement tous les points de la TFT les uns après les autres.

L’EFT ( Emotional Freedom Techniques) était née elle aussi !

Cary Craig, fondateur de l’EFT, lança aussi le concept du « Try it on everything ! » qui se traduit par un « Essayez-le sur tout ! ».

Il proposa aussi un protocole de paix intérieure où tout un chacun établit sa liste d’événements , ou de comportements qui le gênent et choisit tous les jours de tapoter sur l’un de cette liste jusqu’à en être débarrassé complètement. L’idée générale est d’abattre un à un tous les arbres qui nous empêchent de profiter de l’horizon en effectuant ce travail au jour le jour.

L’avantage de cet outil est sa facilité d’apprentissage. Son désavantage est que sa simplicité en a fait un outil plus de coaching ou de life coaching que de thérapie clinique. Il manquait effectivement à cette approche un réel ciblage et plan de traitement afin d’être le plus sécure et efficace sur les traumas complexes ou les troubles plus pathologiques.

L’EFT clinique était née en Belgique début des années 2010 tout en se basant à la fois sur les approches du traitement du trauma telles qu’en EMDR et en y approfondissant aussi l’association de points choisis tels qu’en MTC. Cette appellation sera reprise aux USA vers le milieu des  années 2010.

Champ d’application de la psychologie énergétique

Le champ d’application de la psychologie énergétique n’a cessé de grandir et est utilisé pour le mieux-être des patients avec pathologie psychiatrique ou avec double diagnostic de retard mental et de maladie mentale depuis plus de 10 ans actuellement.

Certains Instituts de formation se sont développés en professionnalisant l’enseignement de ces modèles et en y intégrant tout le champ de la réflexion clinique. Le but final étant toujours d’améliorer la compréhension de ces outils et leur partage dans les milieux plus académiques.

Tous les champs de la vie sont exploitables et, à l’heure actuelle, il n’y a pas de limite à son exploration ou exploitation pour autant que vous vous adressiez à un professionnel de la santé mentale ou de la relation d’aide correctement formé et supervisé.

Je vous souhaite un merveilleux voyage au pays de la libération de nos émotions.

Yves Wauthier Freymann

yves@iepra.com
www.yves-wauthier.com